Cette étude d'une minuscule commune de l'Argonne ardennaise échappe au cadre étroit des habituelles monographies villageoises.
Sa singularité tient d'abord au sujet lui-même : dès l'origine, dans les premières années du XIIIe siècle, emmuré dans la forêt, Toges fut condamné à la marginalisation. De ce confinement imposé naquit une aire culturelle enclavée, aujourd'hui encore perceptible, qui, par dérision, lui valut au XIXe siècle, le surnom de « Toges-en-France ». Pourtant ses habitants ne se retranchèrent jamais dans leur clairière et ils surent éventuellement s'ouvrir à l'Ailleurs, à l'Autre et à l'Autrement.
L'originalité de l'ouvrage procède ensuite de la méthode d'investigation et de restitution du passé qui éclaire le factuel et l'événementiel par des conversions des échelles d'analyse : ainsi le microcosme s'insère-t-il dans un emboîtement de géosystèmes, l'émergence de destins pittoresques et la structuration progressive d'une véritable subculture appellent des approfondissements socio-anthropologiques et même, afin de rendre plus intelligible une chronique strictement locale, est parfois effleurée l'histoire du Vouzinois, des Ardennes, de la France ou encore sont proposées quelques incursions signifiantes dans les labyrinthes de la géopolitique.
Pour terminer, la dilution actuelle des particularismes locaux invite à une réflexion sur l'avenir du monde rural.
Cependant, si ces auréoles de référence s'élargissent comme se propagent les ondes, Toges en reste toujours le centre tant il est fondamental de rendre vie aux oubliés de l'histoire.
L'auteur enseigna longtemps l'histoire et la géographie dans un collège rural des marges de l'Argonne et publia divers travaux de recherche avant d'être nommé inspecteur de l'Éducation nationale pour le Rethélois puis le Vouzinois.
Aujourd'hui retiré à Toges, il fut longtemps membre du comité de rédaction de la revue d'histoire locale Le Curieux ♦ Vouzinois qui valorise la culture et enrichit la mémoire collective de ce « pays ».