Ils vivaient leur vie de jeunes, insouciants auprès de leurs copains. Ils sortaient à mobylette pour se rendre dans les bals et aux différentes fêtes de village. Ils entamaient leur carrière professionnelle pour les uns ou poursuivaient leurs études pour les autres. Le travail ne manquait pas dans cette France en reconstruction. Certains étaient fiancés, d’autres mariés et pères de famille. Leur avenir était plein de promesses.
Soixante ans, soixante ans déjà qu’un long silence plombe la vie de ces hommes auxquels l’État français a imposé l’obligation de participer aux évènements d'Algérie. Soixante longues années depuis la fin de ce conflit et pourtant des cauchemars peuplent encore certaines de leurs nuits. Cette guerre qui ne voulait pas dire son nom, ils l'ont subie. Certains ont souffert physiquement mais tous ceux qui sont rentrés en sont revenus définitivement transformés.
Il leur en a fallu du courage pour témoigner. Ce qu'ils nous livrent, la plupart n’en avaient jamais parlé ni à leur femme ni à leurs enfants. Soixante ans qu'ils taisaient leur douleur.